(Onze heures vingt-quatre minutes)
M. Fournier: ...mesdames messieurs, on va commencer rapidement. M. Bergman va exposer essentiellement la motion qui est présentée.
M. Bergman: Alors, merci d'être ici. Le fondement à la qualité de toute société se mesure par les relations entre ses différentes composantes et le respect qu'ont ses citoyens les uns envers les autres. Ce sont les valeurs démocratiques et la tolérance de la société moderne que nous, Québécois, avons choisies. Et nous avons rejeté tous les stéréotypes proposés par les groupes radicaux guidés par la haine. Alors, je m'oppose donc vivement lorsque je lis certains articles publiés sur Vigile.net, des articles antijuifs, d'obsession antisémite qui ne reflètent en rien les valeurs et les traditions de notre Québec, de mon Québec ouvert sur le monde. Merci.
M. Fournier: M. Bergman a déposé une motion tantôt pour dénoncer, je pense que vous avez peut-être la copie de la motion, pour dénoncer les propos antisémites qu'on retrouve sur Vigile.net. Essentiellement, il s'agit d'une dénonciation, qui est équivalente à celle qu'hier Agnès Maltais faisait elle-même sur son site, des propos qui ont aussi été dénoncés par Louise Beaudoin la semaine dernière. Rappelons que l'attention de tous a été portée à ce sujet dans un article du 17 mars dernier lorsque M. Marceau, Richard Marceau, un ancien député du Bloc québécois, demandait... ou c'était dans La Presse, demandait aux leaders souverainistes de cesser de faire des dons au site Vigile.net et il disait: Ce site se voulait au départ un lieu d'échange d'idées entre souverainistes, mais il a pris, au fil du temps, des tangentes extrêmes.
Un peu plus récemment, parce que ça, c'était le 17, donc la semaine dernière, le 21, je crois que c'est lundi qui vient de passer, sur le réseau Canoë, il y avait un article à propos de M. Facal et Vigile.net. En fait, M. Facal a pris lui aussi connaissance de l'article du 17, la situation à Vigile, et M. Facal a contacté par courrier le responsable du site, Bernard Frappier, pour demander le retrait de tous ses textes, à lui, portant sa signature. Et M. Frappier donc qui est responsable du site aurait alors divulgué l'adresse personnelle de M. Facal sur Vigile.net, puis M. Facal a donc reçu beaucoup de courriels: lâche, manipulé, intimidé, dépourvu de couilles, agent de grands complots sionistes, et ainsi de suite. Voilà, le responsable du site et ce qu'il y fait.
Qu'est-ce que nous retrouvons sur ce site? Je vous donne deux extraits qui ont été portés à ma connaissance. Un certain M. Parent dit: «Par des détours hypocrites, les Juifs exploitent honteusement, vampirisent le pays dans lequel ils vivent, ils n'est pas étonnant qu'ils aient été haïs partout où ils ont vécu.» Je vous en cite un autre passage d'une autre personne, M. Vincent, je crois: «Il me vient parfois des arrière-goûts de meurtres contre M. Juif, et je suis certain que, si l'un de mes petits-fils était mort au Liban ou en Palestine, je passerais le reste de mes jours à tenter de faire sauter des M. Juif, tout partout dans le monde, et même des enfants de M. Juif pour que ça lui fasse aussi mal qu'à moi.»
Nous avons présenté une motion aujourd'hui pour que l'Assemblée nationale fasse la même chose qu'Agnès Maltais a faite hier, fasse la même chose que Louise Beaudoin a faite la semaine dernière, que nous dénoncions ces propos, que nous demandions au Parti québécois de cesser de financer ce site. Ce n'est pas trop demander. Aujourd'hui, le Parti québécois a prétendu qu'il ne pouvait pas accepter la motion parce qu'il l'avait eue trop tard. D'une part, je vous rappelle qu'ils étaient tous au courant, il y en a de leur monde qui l'ont dénoncé. Et puis évidemment ils ne l'ont pas reçue trop tard, on l'avait donnée avant. Mais qu'est-ce que ça veut dire, que les gens du Parti québécois veuillent à ce point protéger le site de Vigile.net? Où est-ce qu'on s'en va? Et, aujourd'hui, M. Bergman, nous demandons au Parti québécois de repenser au message qu'il envoie.
Il décident aujourd'hui d'envoyer un message très clair : qu'ils supportent Vigile.net en refusant de dénoncer des propos. Alors, on veut savoir vraiment pourquoi ils choisissent la voie du radicalisme. Et on prend vos questions.
M. Duchesne (Pierre): M. Fournier, Vigile.net, c'est un regroupement d'articles de toutes sortes. Pour vous, donc, à partir des excès condamnables que vous avez identifiés, il faut mettre fin à cette expérience-là, ça n'a plus aucune justification, Vigile.net?
M. Fournier: Commençons par même la situation de M. Facal. Qu'on en fasse un forum de discussion, je veux bien; que le responsable de ce forum de discussion encourage qu'il y ait des propos haineux adressés à M. Facal parce qu'il demande juste de retirer ses textes, ça donne déjà une idée de comment on administre le site. Mais, aujourd'hui, ce que nous avons vu en Chambre, ce n'était même pas de demander d'arrêter de financer, on demandait juste au Parti québécois de dire: Dites ce que Mme Maltais a dit hier, dites ce que Mme Beaudoin a dit il y a une semaine, dénoncez les extraits. Et même là-dessus on a une fin de non-recevoir.
Posez-leur la question: Est-ce que ça veut dire qu'ils supportent ça? Est-ce qu'ils trouvent ça utile, un site de discussion où on retrouve ce genre d'extraits? Est-ce qu'ils trouvent ça utile au point de le financer? Je vous rappelle que M. Drainville a pris de l'argent du Support à l'action bénévole, je ne parle pas de son argent personnel, pour financer Vigile.net et Rhéal Mathieu. Aujourd'hui, on demande une chose assez simple: Trouvez-vous ça correct? Dénoncez-le. Et on a le silence radio.
M. Duchesne (Pierre): Votre parti a utilisé... a cité Vigile dans son infolettre, c'était... la dernière fois en octobre 2010, donc c'est récent, votre position critique à l'endroit de Vigile, c'est ça?
M. Fournier: Vigile.net tient des propos outrageants. Vigile.net est allé, et ce n'est pas moi qui le dis, Vigile.net est allé, selon Richard Marceau, qui est l'ancien député du Bloc de 1997 à 2006... Il dit ceci: «Ce site se voulait au départ un lieu d'échange d'idées entre souverainistes, mais il a pris, au fil du temps, des tangentes extrêmes.» C'est ça que c'est aujourd'hui, avec des textes abominables. Je veux bien qu'on fasse juste des échanges pour savoir... Entre un parti et un autre, on devrait avoir une seule voix, puis je pense que ça ne serait même pas juste les politiciens, on devrait tous se dire: Ça n'a pas d'allure, tout simplement. C'est scandaleux. C'est horrible.
M. Chartrand (Yves): M. Bergman, effectivement... des extraits qu'on voit là, il y a des choses qui sont inacceptables, mais, expliquez-moi, où vous voyez la ligne où on peut critiquer Israël pour ses actions militaires au Liban, et tout ça? Où est-ce qu'elle se situe, la ligne où est-ce que vous acceptez ces critiques-là? Est-ce que vous pouvez me dire ça?
M. Bergman: Il y a une grande différence, et vous savez ça. Mais les valeurs et la base de notre société québécoise, c'est le respect entre les composantes de notre société. Et ici il a traversé la ligne, loin. Et je me demande pourquoi le Parti québécois n'a pas appuyé la motion que j'ai déposée aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
M. Chartrand (Yves): Mais ce que je vous demande, c'est... On peut critiquer Israël... je ne parle pas de Juifs, là, mais d'Israël, de l'État... sans qu'on vous accuse d'être antisémites, quand même, là.
M. Bergman: Certainement. C'est un pays démocratique avec un gouvernement, et une opposition, et des journaux et c'est un pays vraiment très libre avec la liberté d'expression. Mais, moi, je parle ici de la haine qui est envoyée vers la communauté juive du Québec. Et vraiment le Québec que je connais, que j'aime, et les valeurs que tout le Québec... les Québécois ont, c'est le respect des composantes de notre société. Et pourquoi il y a un parti ici, à l'Assemblée nationale, qui n'a pas eu le respect pour joindre à cette motion? Il y a quelque chose d'inexplicable aujourd'hui qui est arrivé.
M. Chartrand (Yves): À l'encontre... Là, je veux juste voir... je veux juste vous tester un peu, là. Et ce que Mordecai Richler disait... a dit, à un certain moment, sur les Québécois, ça... donc, ça aussi pour vous c'est inacceptable? Parce qu'il l'a fait dans le sens inverse, là.
M. Bergman: Je n'étais pas toujours un grand fan de M. Richler. J'ai lu tous ses livres. Mais nous ne sommes pas ici dans cette situation aujourd'hui. Nous sommes dans une situation où il y a des propos sur Vigile.net qui vraiment apportent haine, incitation à, peut-être, de la violence, et ce n'est pas le Québec que, moi, je connais, moi, j'aime, et ce n'est pas le Québec que mon parti aime et la philosophie de mon parti. Et le Québec, c'est une société libre, ouverte, démocratique, ouverte sur le monde. On est très fiers d'être Québécois. C'est une des places les meilleures dans le monde. Et pourquoi est-ce que l'opposition officielle ne peut pas joindre à une motion tellement simple?
Le Modérateur: Est-ce qu'il y a d'autres questions sur ce sujet?
Mme White (Marianne): Can we hear you in English on this, Mr. Bergman? Why did you put this motion forward today?
M. Bergman: Well, you know, the values and basis of any society is the respect and the relations between the various components of that society; number one. Essential. And we live in a democratic society where, sure, there is freedom of respect and various freedoms, but when there is a lack of respect of the components of the society, A; B, when there is a hatred, an incitation to perhaps violence against a particular component of a society, there is a great problem. And I wanted to... I asked the National Assembly to condemn the proposals of this particular group, Vigile.net, and the Parti québécois, for some strange reasons, inexplicable, didn't support this motion.
Now, these are basic values that we cherish as Quebeckers. I love Québec because Québec is an open, democratic society where we respect all the components of our society. We are so fortunate to be able to live here, in Québec, this wonderful democratic society. And, in the Québec National Assembly today, there is a group which didn't choose to denounce something which is radically wrong, and perhaps it's this radicalism in this party which has come to the fore today, the radicalism.
Mme White (Marianne): ...this Web site be shut down, should police investigate it? Are you...
M. Bergman: I beg your pardon?
Mme White (Marianne): Should the Web site be shut down? Should the police investigate what is being published on this Web site?
M. Fournier: If you allow me, the first thing to do is to cut the funding to that site, Vigile.com. And what we know is that there is many MNAs from the Parti québécois who are funding it. We already know that Mr. Drainville is funding it with its «Support à l'action bénévole» program. It seems by reading the press that some associations... riding associations are funding it also.
So, going back to your point, the first thing first, and the only intention here was to have a point made very clearly, solemnly by the National Assembly, that we cannot accept those kinds of positions taken.
Secondly, of course, if everybody cannot accept that, we should not give any money to that, and that is the question we raised today. Well, at this right moment, the PQ should stop funding it. The PQ should be clear about the fact that you don't want to be with those people, but, this morning, he has chosen to keep the funding, he has chosen to stick with them, to refuse to denounce that, and certainly we are allowed to see that they are in a position... a ridicule position that we cannot accept in our democratic society.
Mme Montgomery (Angelica): How can you blame the Vigile.net? How can you blame Vigile.net? How can you blame the Parti québécois? These are third parties that are...
M. Fournier: They are... It's on a site were you... at the beginning, was supposed to be a democratic forum of discussion where you can say whatever you want that is respectful of others. OK. They want to give personal money for it. Fine. What we see... And Richard Marceau was before MP for the Bloc québécois, asked last week the PQ to stop the funding to that organization because of the fact that, at the beginning, it was a discussion forum, but it began and it was transformed to a site where to many people were writing things like that.
They are talking about murder. That's what they are talking about. So, at what point we should stand up and say, «That' it, no more, we cannot accept that»?
Well, today, Mr. Bergman tabled a motion so that our National Assembly, the democratic forum of this province, would have been able to say, «Stop that». But, we've got the Parti québécois who refused it.
Le Modérateur: Rapidement, Antoine Robitaille.
M. Robitaille (Antoine): J'ai deux questions : une sur le sujet puis l'autre sur un autre sujet. La première: Amir Khadir semblait vouloir offrir un compromis. Est-ce que vous êtes ouverts à un compromis sur la motion? Est-ce qu'il pourrait y avoir autre chose dans la motion?
M. Fournier: ...
M. Robitaille (Antoine): Est-ce que vous êtes ouverts à discuter avec M. Khadir?
M. Fournier: La motion qui a été envoyée à tout le monde ainsi qu'à M. Amir Khadir... M. Khadir acceptait qu'elle soit conjointe avec lui. Alors, il était... il a été nommé d'ailleurs comme étant conjoint. À partir de là, le PQ a dit: On n'en veut pas. Je n'ai aucune idée de ce qu'il voulait proposer. Je ne sais pas si c'était un libellé différent ou qu'on a... ou qu'on revienne. Soit dit en passant, j'espère que le Parti québécois va changer sa position d'ici la prochaine séance.
M. Robitaille (Antoine): La deuxième question... Vous avez travaillé chez SNC-Lavalin. SNC-Lavalin actuellement cherche à acheter Énergie atomique du Canada. Il y a là-dedans... Un des gros contrats, ça serait Gentilly-2. Vous, s'il est question de Gentilly-2 au Conseil des ministres, allez-vous vous retirer du Conseil des ministres?
M. Fournier: J'ai déjà... D'ailleurs, à vous-même j'avais déjà indiqué, il y a déjà quelque temps, qu'ayant été en fonction chez SNC pendant six mois j'avais consulté les gens du Conseil exécutif pour voir combien de temps je devais me retirer et j'ai écrit une lettre au premier ministre, il y a déjà... à l'époque de mon retour...
M. Robitaille (Antoine): ...très longtemps.
M. Fournier: Oui, quand même. J'avais déjà écrit que...
M. Robitaille (Antoine): ...
M. Fournier: ...je n'allais pas intervenir sur aucune discussion au Conseil des ministres et dans les comités ministériels jusqu'en décembre, ce qui faisait un an et demi de différence avec la date où j'avais quitté SNC-Lavalin.
Ceci étant, il n'y a pas eu de discussions encore depuis ce temps là qui ont amené cela. Il n'y a rien qui m'empêcherait d'aller plus loin encore que ce que les gens de l'Exécutif avaient soumis, c'est-à-dire de garder une période tampon que j'avais identifiée à celle de décembre, qui faisait un an et demi pour une période de six mois...
M. Robitaille (Antoine): ...décembre 2011?
M. Fournier: Jusqu'à décembre 2010, ce qui faisait un an et demi après. Donc...
M. Robitaille (Antoine): Là, vous pourriez reste au Conseil des ministres pour discuter de ça?
M. Fournier: Je pourrais, mais mon jugement va prévaloir à toute autre chose.
M. Robitaille (Antoine): Ça veut dire quoi, ça?
M. Fournier: Bien, ça veut dire que, dépendamment des enjeux... comme des enjeux comme celui-là pourraient m'amener à me retirer, mais c'est très hypothétique, pour l'instant.
Une voix: C'est beau? Merci.
(Fin à 11 h 40)